vendredi, avril 03, 2009

Airs du temps, une playlist du moment : 04-09

Première édition d'une longue série, la "playlist du moment" millésime avril 2009 présente une sélection de titres plus ou moins récents, tous jouissifs d'une manière ou d'une autre, et qui captent ou évoquent les tendances musicales de ce début d'année.

Parmi les fragments d'air du temps qui quotidiennement bercent mes oreilles, jetez-vous sur :

Marilyn Manson - We're From America. Premier extrait du nouvel album à venir de Marilyn et ses clowns, premier coup de fusil. Riff addictif, rythme martial et paroles gentiment démago font mouche. Après un album en demi-teinte, une désertion (Tim Skold) et le retour de Twiggy Ramirez, le groupe semble puissamment requinqué et inspiré. A l'heure du tout-électro, le morceau surprend par ailleurs par sa posture résolument rock. La fin du retour du fluo ?

YOU! - I Hate You. Des petits français parfaitement inconnus qui inventent en un morceau un nouveau genre musical : le "punk-hop" (ou encore "post-électro-garage" ?). La recette ? Un son de guitare métallique et rachitique au possible, une voix hurlante et faussement approximative à la limite de la rupture, le tout superposé sur des beats synthétiques bien gras qui rappellent ceux de Justice. 20/20.

Yeah Yeah Yeahs - Zero. De l'électro acidulée et fondamentalement rock emmenée par une digne héritière de Siouxsie, j'ai nommé la grande, sexy et estimable Karen O. La rencontre du garage, de l'électro et du dance-floor. Mention spéciale aux boucles planantes qui viennent couronner et conclure le titre. Bonus : la vidéo est somptueuse.

The Gay Blades - O'Shot. Vive le rock'n roll ! Un duo de garage-rockers au son frit à l'huile de vidange, qui sent bon le goudron, la bière et le New Jersey. Des riffs qui vous tirent par le bout du nez d'une extrémité à l'autre du morceau et un beat simplissime qui suffit à animer les muscles du cou. Du groove, de la sueur et du plaisir donc, de nature à plaire aux amateurs de Calla, The Folk Implosion et Girls Against Boys entre autres. P.S. : chose étonnante, à l'exception des moments où il beugle à la manière de Johnny Rotten, le chanteur vocifère avec une voix qui rappelle très fortement celle de Troy Von Balthzar, de Chokebore.

Depeche Mode - Wrong. Talent, le retour ! Un titre inquiétant, intelligent, passionnant et d'une élégance rare qui montre à qui veut bien l'entendre que Martin Gore et David Gahan ont dépassé la crise de la quarantaine pour reconquérir la gravité pop et synthétiquement esthétisante de leurs meilleurs albums (Black Celebration, Music for the Masses et Violator), la sagesse et la maîtrise en plus. Oubliés les faiseurs de coquille vide en pilotage auto-parodique des deux derniers albums. Un groupe à nouveau tendance donc, et qui se paie les services du brillant Patrick Daughters, auteur d'une vidéo épousant magistralement l'inéluctable et tragique montée en tension du morceau. Pourvu que l'album à venir soit du même métal...

Hawnay Troof - Connection. Un MC californien aux commandes d'un bric à brac de samples et de beats façon patchwork bricolé mais groovy qui réinvente les Beastie Boys avec la voix du leader d'Urban Dance Squad. Par forcément pérenne mais classe et joyeux. Peut-être une alternative aux ornières déprimantes de l'abstract hip-hop et du cynique rap West Coast ?

Dafuniks - All I Want. Jamais vraiment mort, mais pas non plus en grande forme ces jours-ci, le "cool hip-hop" des illustres légendes des 90's que furent The Pharcyde, A Tribe Called Quest et plus récemment Jurassic 5 s'accorde depuis peu une mini-résurrection avec ce magnifique et bondissant morceau de Dafuniks, un joyeux collectif de blanc-becs aux voix pourtant bien chaudes en provenance... du Danmark !

Pendulum - Granite. Primal Scream et Atari Teenage Riot se sont réincarnés sous les traits popifiés et bronzés d'un sympathique groupe de "drum'n bass + shoe-gazing" australien fort joliment nommé Pendulum et passé relativement inaperçu dans l'hexagone. Sorti début 2008, le titre date déjà un peu (il datait même le jour de sa sortie en raison notamment des filiations évoquées ci-dessus) mais il intrigue et donne la pêche. Idéal avant de se lancer dans une partie de Mario Kart ou après un déjeuner familial.

Whites Lies - To Lose My Life. The Bravery + Editors = White Lies = les derniers descendants en date et un peu creux de la lignée Joy Divisionnienne. Rien de bien original mais quelle production ! Quelle efficacité ! Et quelle voix ! C'est de la bonne pop romantique et ça se chante facilement alors tout le monde est content. Sinon profitons de l'occasion pour souligner la beauté de la couverture de leur album (Peter Saville - designer attitré de Joy Division - n'est pas très loin...).