mercredi, janvier 09, 2008

Critique de film : Aliens vs. Predator - Requiem

Second round du match opposant les deux monstres les plus séduisants de l’histoire du cinéma, Aliens vs. Predator - Requiem commence là où finit le film de Paul W.S. Anderson. Les predators venus dans le premier opus chasser dans les profondeurs glacées de l’Antarctique, chargent à bord de leur vaisseau le cadavre d’un des leurs, victime d’un affrontement féroce avec les aliens. Ce qu’ils ignorent, c’est qu’un embryon d’alien se développe dans la dépouille de leur camarade de jeu. En quelques minutes ils sont massacrés et leur vaisseau s’écrase dans une forêt du Colorado, non loin de la petite ville de Gunnison. Alerté par un appel de détresse lancé depuis le vaisseau en perdition, un predator s’apprête à quitter sa planète pour venir faire le ménage sur Terre…

En dépit de l’échec critique d’Alien vs. Predator, la perspective d’une nouvelle confrontation entre ces deux magnifiques bestioles au milieu d’humains médusés et impuissants restait alléchante. Jubilatoire et plaisamment régressif, le concept avait ainsi donné lieu à de belles mais rares empoignades dans le premier film, hélas plombé par un scénario bancal et des décors en carton pâte. L’arrivée de Colin et Greg Strause aux commandes du projet, deux réalisateurs issus des effets spéciaux et auteurs de quelques clips et d’une poignée de courts métrages, semblait pouvoir réanimer l’enthousiasme du public et redonner un peu de sang neuf et de classe à une franchise qui, à peine née, battait déjà de l’aile. Les propos railleurs tenus par les deux frères à l’encontre du film d’Anderson (cf. Mad Movies N°203, page 48) et leur pedigree éclectique suggéraient d’ailleurs une possible bonne surprise, fruit d’une ambition renouvelée et d’un peu de savoir-faire…

Mais une fois devant l’écran, la déception est de taille. Ce qui aurait pu constituer une fresque épique délicieusement primaire s’avère être un bric-à-brac fumeux, dépourvu de tension et d’une impressionnante stupidité. Le film est tellement mauvais qu’on peine à déceler ses maigres qualités. La photographie (splendide), la réutilisation adéquate de pans entiers de la musique et des effets sonores de Predator et quelques scènes sympathiques (notamment celle qui donne à voir le monde des predators) ne suffisent pas à faire oublier l’absurdité des dialogues et les incohérences du scénario. Citons à ce sujet : la manière tout à fait étonnante dont la population (probablement dotée de pouvoirs télépathiques) prend collectivement conscience de l’invasion ; la réaction très sereine de Dallas (Steven Pasquale) quand le shérif lui fait part de la mort atroce de son adjoint ; ou encore la décontraction dont fait preuve le predator quand il prend le temps de dépecer un humain, laissant ainsi entendre que la menace alien n’est plus une priorité du scénario. Ultime déception : les scènes tant attendues de combat entre aliens et predators. Absolument incompréhensibles. De là à parler d’un syndrome Michael Bay

Au-delà de ces écueils scénaristiques, le métrage manque cruellement d'âme. Ainsi, la volonté des frères Strause de revenir aux
sources du mythe ne se traduit guère par une réinvention maîtrisée et personnelle des films précédents. Elle prend plutôt la forme d’une compilation indigeste d’éléments ayant contribué à la réussite des deux franchises. On a donc droit à une sorte d’actualisation systématique de séquences et de motifs emblématiques issus principalement d’Aliens, d’Alien 3 et de Predator : les boyaux poisseux des trois premiers Alien étant ici remplacés par les égouts de la ville ; les space-bidasses d’Aliens par les Rangers venus à la rescousse des habitants de la ville ; et la jungle d’Amérique Centrale dans laquelle la partie de chasse de Predator se déroulait, par une forêt du Colorado ; et ainsi de suite. Evidemment, la liste n’est pas exhaustive.

Outre le spectateur (déçu) et les habitants de Gunnison (massacrés), les principales victimes du film sont les aliens, lesquels passent désormais pour des parasites servant de faire valoir au predator et aux humains. Le film parvient ainsi, dans le prolongement de son prédécesseur, à faire oublier les majestueuses et terrifiantes créatures dont la puissance mythique avait traversé chacun des quatre Alien. Un comble !

"N’en jetez plus" direz-vous ! Et vous aurez raison. Mais devant un tel naufrage cinématographique et compte tenu des ambitions affichées par les réalisateurs, il était nécessaire de consacrer à leur film toute l’attention que celui-ci méritait. Ainsi, quand les deux frères osent cracher sur le premier AVP, on rit bien fort devant tant d’arrogance et de suffisance. Et on se dit que, finalement, même en dépit de défauts majeurs, le film d’Anderson n’était pas si mal.

Julien Grandchamp


2 commentaires:

Anonyme a dit…

100% d accord, AVP etait bien plus fourni que AVP2. Je me suis literalement endormi devant l ecran, ce film tombe aussi bas que "The host", sans meme l envie d en rire. Alien fut une creation genialisime a mettre dans la famille des star-wars et 2001, Predator un chef d oeuvre a l americaine. Quelle fin atroce pour ces deux E.T. de legende.

Anonyme a dit…

Rhhhhââââââ mais quelle bouse infâme ce film. Enooorme déception. Pourquoi les gars? Fallait pas conchier cette franchise. C'était pourtant bien parti avec le premier du nom. On avait bien rigolé et le scénario tenait à peu près debout. Mais alors là, je dis non. C'est n'importe quoi. On voit même pas les bestioles vu que tout se passe de nuit et sous la pluie. En plus Predator a minci du torse, genre danseur de tecktonik. Pfffff sans intérêt.